« Enfant, je m’intéressais beaucoup au théâtre de marionnettes. J’avais envie d’écrire des histoires pour les mettre en scène au « Guignol ». Mais dès que j’ai appris à dessiner, j’ai trouvé qu’il était beaucoup plus agréable de raconter les histoires en les dessinant. »
Christian Goux est né en 1946 à Castres, jolie petite ville du Tarn surtout connue parce qu’elle est la ville natale de Jean Jaurès et qu’elle a toujours soutenu sa formidable équipe du rugby : Castres olympique. Là-bas on dit le C.O ! Il obtient un baccalauréat série C, et aurait pu faire mieux s’il n’avait pas passé tout mon temps à dessiner ses professeurs qu’il lançait dans des aventures rocambolesques en créant ses premières B.D sur des cahiers d’écolier.
Déjà, une seule chose au monde l’intéresse : faire de la B.D. En 1966, dessinateur de B.D, ce n’est pas encore un métier reconnu et comme il parait doué en maths et en dessin, un orientateur professionnel, consulté en dernier ressort, lui donne ce conseil : « Il te faut être architecte » !
Ayant, par défaut, suivi son conseil et après trois années passées à l’Ecole d’architecture de Toulouse, où il apprend les règles de l’art classique, la géométrie descriptive, le dessin de nu et la résistance des matériaux, il s’inscrit à la fac d’histoire de l’Art et d’Archéologie de Toulouse – Le Mirail et obtient une maîtrise en Archéologie romaine ibérique. Plus à l’aise dans cet environnement, il participe tous les étés à des fouilles du CNRS sur un site antique en Espagne, dans la province de Léon.
« Mais comme je passe surtout du temps à dessiner les aventures picaresques de mon directeur de fouilles, on me fait comprendre assez vite que je ne serais jamais archéologue. Tant mieux!
Parce qu’en même temps, pour pour payer mes études, je dessine régulièrement dans l’édition dominicale de La Dépêche du Midi (le journal de la démocratie). Et ça, ça me plaît vraiment ! »
« Mon premier album B.D, je le dessine à la terrasse du café de Grimaud (Var) où je passe quelques jours en vacances. C’est La Femme du Contrebandier, un récit onirique en noir et blanc édité par le fanzine Haga en 1969. C’est encore la période underground. Dans cet esprit très libre tant dans la narration que dans le graphisme qu’il écrit et dessine cet album, d’un seul trait. L’année d’après, sous le même format, sort « Le phare des centrifuges ».
A cette période, c’est une expérience inédite : La belle Armande, un « roman muet », premier titre de l’auteur signé de vrai nom! La narration est uniquement graphique, très peu de texte, édité en 1966 aux éditions du Fourneau.
Je dessine pour quelques revues locales « Toulouse Hebdo », « Contact Variétés », « Le journal de l’Entreprise » et pour le magazine « Podium », crée par Claude Bernardini. En 1972, « Podium » est racheté par le chanteur Claude François, et, le nouveau siège du journal se trouvant à Paris, boulevard Exelmans, je viens habiter à Paris. J’assure une grande partie de la maquette de la revue et réalise toutes les illustrations. Chaque mois, je dessine un mini-récit (comme ceux de Spirou dans les années 60’s) qui paraît dans les pages centrales de « Podium ».
La réalisation du journal se fait la nuit. Sous la pression de « Cloclo », qui participe lui-même à l’élaboration du magazine, le travail est intense. La petite équipe a cependant la chance de côtoyer toutes les vedettes du showbiz de l’époque qui rend visite à la rédaction : Sheila, France Gall, Dalida, Alain Chamfort ou Patrick Topaloff. Il réalise à cette époque des pochettes de disques pour quelques chanteurs.
« Je profite bien sûr de mes rares moments de repos pour démarcher chez les éditeurs de B.D. Une série animalière que je viens de créer attire l’attention du directeur artistique des Editions Garnier, qui éditent les aventures de « Gédéon » de Benjamin Rabier. c’est ainsi qu’en 1978 paraît mon premier album en couleurs : « La tour des fumées grises », suivi l’année d’après par « Le cimetière des oiseaux ». On dit que saucisson Smith, le héros de ces récits, ressemble un peu à son créateur ! »
A partir de 1979, le journal « Pif-Gadget » publie régulièrement les épisodes de « Manivelle », une série humoristique très animée, d’un petit chauffeur routier débrouillard, proche cousin de Saucisson Smith. Pendant sept années, il dessine plus de 450 pages de « Manivelle et Camélécamion » (5 tomes).
Comme à cette époque, il dessine tout le temps et très vite, il publie des B.D dans de nombreux journaux pour enfants : Claquenouille dans Spirou, Fairizette et Grobizou dans Lili-aggie, kim Play le détective volant dans Triolo, le Croque-béton dans Pistil.
Le groupe de presse Cinq-pouce qui édite ce dernier titre, rachète un jour l’édition française du journal belge « Tintin ». Etant un tintinophile averti, on lui propose le poste de conseiller à la rédaction du magazine « Tintin ». En 1980 il passe rédacteur en chef de l’édition française.
« Je propose à Hergé, le créateur de Tintin et Milou, de republier dans l’hebdomadaire, les pages originales des aventures du petit reporter et de son chien, mises en couleur par les Studios Hergé, avenue Louise à Bruxelles. »
Hergé accepte et le lecteur français peut alors suivre chaque semaine « Le Lotus bleu » et « Le sceptre d’Ottokar » en « v.o colorisée ». un vrai scoop pour le journal ! Avec l’autorisation de Hergé, il publie chaque semaine dans l’hebdomadaire « Tintin story » puis « Les archives de Moulinsart » qui retracent, album par album, l’histoire de Tintin et de ses amis : passages supprimés dans les albums dessins récits ou méconnus, photos inédites,… Cette rubrique obtient un vif succès auprès des lecteurs tintinophiles qui participent activement en envoyant au journal leurs propres découvertes.
En 1986, aux éditions Fleurus, qui éditaient plusieurs revues destinées à la jeunesse, il rencontre le scénariste Didier Convard. Il fait revivre avec lui Fripounet et Marisette créés en 1946 par René Bonnet. Toujours scénarisé par Didier Convard, mais aux éditions Glénat, il dessine Les enquêtes d’Henri-Georges Midi, un élégant détective dans la lignée de ceux créés par Agatha Christie. Le premier récit, « Les morts de Miss Harington » parait dans la revue « Gullivore ».
« Je prends plaisir à rédiger des scénarios pour mes amis dessinateurs. A la fin des années 80, j’écris Le testament du docteur Zèbre et Les calanques de l’enfer pour Olivier Schwartz et Un beau timbre bleu puis Le moulin à musique pour le dessinateur Kab, aux éditions Milan. Je scénarise Harry Plaxon pour François Dimberton. »
Avec l’enseignement de la BD belge, il évolue vers un trait plus précis, avec de nouveaux personnages jeunesse, plus attachants les uns que l’un les autres.
Il travaille dorénavant en tant qu’auteur, dessinateur et scénariste BD. Dans mes deux albums « Sigale », parus aux éditions Dargaud (Aiguesieste et Paris la douce), Il créé un monde proche des romans de Marcel Pagnol. Il le dessine dans un style « ligne claire méridionale » : un mariage heureux entre le style d’Hergé et celui de Dubout !
« J’adapte en BD des classiques de la littérature : Ubu Roi d’Alfred Jarry, Poil de carotte de Jules Renard, Le chien des Baskerville dans la série des Sherlock Holmes de Sir Arthur Conan Doyle, Histoires extraordinaires d’Edgar Allan Poe,…
Et en 2012, je rend hommage au créateur de la BD « Blake et Mortimer » en adoptant « Face au drapeau », un roman de Jules Verne. L’album paraît aux éditions « Pan Pan », en Belgique, sous le titre « Le fulgurateur Roch », agrémenté d’un superbe ex-libris dessiné par mon ami et collaborateur Bernard Jivarol. »
Voici un aperçu des BD éditées aux éditions du Triomphe à partir de 2014. « Les châteaux forts, racontées aux enfants », et la série « Aventuriers et explorateurs, racontés aux enfants ».
« Les châteaux forts, racontées aux enfants », et la série « Aventuriers et explorateurs, racontés aux enfants ».
Rééditions des BD des années 60’s et 70’s :
- Tu t’es pas peigné, éditions Regard
- L’homme qui arrosait son pied, éditions Regard
Après une dizaine de BD diffusées par les Editions du triomphe, puis d’autres albums par Regard en édition limitée, paraîtra prochainement une BD autobiographique : Café du Rond-Point .
» Depuis, je travaille sur une BD autobiographique : « Café du Rond-Point ». Je raconte la vie quotidienne dans une ville du midi au début des années 50’s : le monde vu par un enfant de cinq ans, quand on écoutait l’arrivée du Tour du France dans un énorme poste T.S.F à la terrasse d’un café, à l’heure de l’apéritif ! »
Et les pages BD à paraître en album ? Après la BD inspirée de la littérature de Jules Verne, Le fulgurateur Roch (éditions Panpan), Christian Goux a imaginé une série littéraire qui reprendrait les travaux d’écrivains scénarisées en BD, comme :
- Poil de carotte, de Jules Renoir
- Ubu Roi, d’Alfred Jarry
Et pourquoi pas une nouvelle série BD des facéties de Sylvestre et Caroline? Ses deux personnages très créatifs…surtout dans les musées!